
Raconte-moi Nice : la mémoire en partage
Le 17 septembre 2025, à l’EHPAD de la Croix-Rouge russe à Nice, a eu lieu le premier atelier d’écriture du projet “Raconte-moi Nice”, une aventure artistique qui donne voix et couleurs aux souvenirs des aîné·e·s.
« Raconte-moi Nice » est une invitation faite aux personnes âgées résidant en EHPAD ou accompagnées par les structures sociales et associatives de la Ville de Nice à renouer avec la ville, non pas seulement par la mémoire, mais aussi par l’imaginaire. À travers d’ateliers d’écriture et de dessin, des découvertes culturelles et une restitution finale sous forme de recueil, ce projet conçu par l’association L’Art est un Jardin, avec la collaboration de l’équipe créative du Projet 99 et le soutien de la Fondation des Petits Frères des Pauvres, vise à réveiller les émotions sensorielles et les récits intimes liés au patrimoine niçois.
Un premier atelier, entre surprise et poésie
Le premier atelier, à la Croix-Rouge russe, fut un véritable galop d’essai. Les participantes –pour la plupart atteintes de maladies neurodégénératives, de surdité ou de handicaps moteurs – se sont vues proposer un voyage poétique à travers des images emblématiques de Nice : la Promenade des Anglais, l’église russe, les ruelles étroites du Vieux Nice, les jardins du Monastère de Cimiez…
Mais un défi inattendu est apparu : beaucoup d’entre elles n’étaient pas originaires de Nice ou avaient découvert la ville tardivement, parfois seulement au moment de leur entrée en établissement. Difficile alors de puiser dans les souvenirs. Qu’importe : l’imaginaire a pris le relais. À partir des images, les mots ont jailli, libres, colorés, assemblés collectivement en petites poésies selon un protocole précis, digne de l’Oulipo. Les couleurs des façades, une cloche, le bleu de la mer sont devenus matière à invention. La contrainte est devenue force, et l’absence de souvenirs précis une ouverture à la rêverie.

Quand la poésie devient une fresque à plusieurs mains
Dès le deuxième atelier, le dessin, lui aussi, a pris une forme adaptée : les poèmes collectifs ont servi de guide. Certaines participantes ont esquissé directement, d’autres ont colorié ou complété des formes préparées, d’autres encore se sont emparées de la découpe. Chacune a trouvé sa place. Comme dans une mosaïque, les gestes individuels se sont réunis pour former une fresque commune.

Premières leçons
De cette première étape, je retiens surtout la nécessité d’un guidage attentif et tranquille, l’efficacité du collectif, et la joie palpable de chercher ensemble, de donner corps à des images par les mots et les couleurs. L’énergie du groupe et la qualité poétique des premiers textes ouvrent déjà des perspectives. Car ce n’est qu’un début. D’ici novembre, les ateliers se poursuivront, laissant à chacune et chacun le temps de raconter, d’imaginer ou de se souvenir. En janvier 2026, lors des Nuits de la lecture, un recueil rassemblera ces voix multiples, ces fragments de mémoire et d’invention, pour faire entendre une autre histoire de Nice : celle racontée par celles et ceux qui la vivent au quotidien, ou qui rêvent de l’avoir parcourue.
Parce que raconter une ville, ce n’est pas seulement décrire ses pierres, ses rues et ses monuments. C’est lui donner une présence vivante, en racontant les vies qui la traversent.
Merci aux participant.e.s: Suzanne L., Nicole A., Simone C., Gilbert D., Geneviève G., Monique C., Yolande N., Annie R., Claude G. et Ghislaine C..
Animation : Geneviève (écriture), Philippe (dessin) avec l’appui de Didier et Isabelle